L’ami et la Guyane – Folie passagère 361
Posté par corto74 le 26 mai 2010
Il est venu mais n’est pas encore reparti, ce soir c’est relâche. Nous ne nous étions point vus depuis plus d’un an pour une sombre histoire dont et lui, et moi, avons oublié le début et la chute. Mais 23 ans d’amitié ne sauraient se laisser défaire par quelques broutilles. Donc, nous avons repris là où cela valait le coup que nous reprenions le cours de notre histoire. Des bases solides, 10 ans d’expatriation en Guyane, le bagne pour la petite histoire, de grands moments pour la notre d’Histoire. Il faut vous dire que début 90′s, la Guyane, c’était bel et bien un eldorado d’insouciance. On y bossait pour gagner pitance mais on y faisait fête plus souvent que nécessaire. Il y avait dans la façon de vivre nonchalance et jemenfoutisme du lendemain. Le lien social ne se maintenait pas par un téléphone mobile mais par l’heure venue de l’apéritif. On s’invitait, on débarquait, chez les uns ou les autres. Là-bas, il n’y avait pas 36 moyens de se distraire, seulement 2: l’invit’, la convivialité ou la rivière et ses ballades en bateau. Nous avions donc un beau hors-bord et ses 85 cv et une putain de Citroen Visa pourrie pour tracter l’attelage à la rivière. Tiens, imaginez, un soir d’ondée tropicale, l’équivalent, en métropole, d’un putain de violent orage qui dure, une vieille Visa tractant un bateau, allant en plein Cayenne, minuit passé, chercher les compères. Sous les cirés jaunes et capuches, ruisselants, nous rentrions dans le bar, sans que cela n’étonne personne, les collègues nous attendaient. Nous distillions un peu, puis 30 km de route bringuebalante, nuitamment, vers la Comté, nous mettions le bateau à l’eau et remontions, vite, détrempés vers le carbet au son de Dire Straits ou de Christopher Cross. Les hamacs suspendus, le feu allumé, le dîner matinal ingurgité, nous pouvions enfin refaire le monde à notre façon. Une soirée presque classique.
Les histoires et aventures que nous avons vécues, ainsi, sont en soi incroyables. Combien de fois ai-je raconté ces souvenirs à ceux d’ici, de France. Combien de fois, j’ai lu dans leurs regards du doute ou de l’incrédulité: la chasse aux caïmans, dans les marais, avec de l’eau jusqu’au cou; les virées en pleine forêt tropicale; les bras d’honneur aux forces de l’ordre qui, non sans sympathie, nous les rendaient bien; l’observation à St laurent des tortues luths; les confrontations avec les migrants surinamiens; l’encanaillage à la Crique, sorte de coupe-gorge local; les soirées endiablées que, même, à St Germain des Prés, ils ne nous arrivaient pas à la cheville; les 3 discothèques du département (le Pénitencier, le 101, le Number One) dans lesquelles se faisaient les nuits cayennaises, la folie du carnaval, les touloulous…
Comprenez, chers amis, qu’il nous en fallu du temps, hier pour refaire le monde…d’aujourd’hui, parce que, en ce temps, le monde, c’est nous qui le faisions, sans obligation, ni retenue.
A suivre… un autre jour.
D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr
Mon cher Corto, votre histoire ne m’étonne pas du tout, car sans doute dans les mêmes années, un jeune homme, s’était mis en tête d’aller en Guyane, car pensait-il, il y découvrirait en pleine jungle, un isolateur qui devait lui rapporter une fortune.
Sa mère, affolée d’imaginer son fils seul dans la forêt guyanaise, supplia mon Frédéric, un sacré lascar, de l’accompagner, tous frais payés. Vous pensez bien que ce n’est pas une offre qui peut se refuser !
Ils ont disparu pendant un, deux ou trois mois, je ne saurais le dire !
Puis Frédéric est réapparu avec des histoires plein sa besace, des plumes magnifiques des perroquets qu’ils avaient mangé, pour les enfants.
Moi qui croyais qu’il mourraient de faim dans la forêt, il m’expliqua qu’il n’avait jamais tant mangé, car n’ayant pas de frigo dans leur cabane dans les arbres, quand ils tuaient un crocodile il fallait le manger en entier ! « Le Crocodile c’est meilleur que la langouste disait-il ! »
Un jour débarquant dans un bar, les propriétaires apprenant que mon Indiana Jones savait tenir un bar, sont carrément partis à Cayenne, en lui confiant le boui-boui pendant plusieurs jours.
Je ne sais pas s’ils ont réussi a trouver ce fameux isolateur, qu’on devait leur racheter à prix d’or, mais ce que je sais qu’ils se sont faits des souvenirs impérissables.
C’était l’année de la révolte à Cayenne.
ah!! si c’était pour une oeuvre!!! y’à pas de discutions sans résultats…. les souvenirs, c’est ça qu’est bien, ça se déguste avec amitié et nostalgie et partie de rigolade et p’tit verre » j’t'en ressert un « ….et c’est bon à l’arrivée!!!!
bonne journée sevrante…..ET BISES
Merci de nous faire partager ces souvenirs de baroudeur, ça donne envie en tout cas.
Je viens de lire ton billet avec plaisir. Je n’ai pas encore cliqué sur les mots en rouge. Mais déjà, je te dis: les souvenirs, oui, mais l’auto-satisfaction, non : ça tue un texte. Donc, « les soirées endiablées, que même à St Germain des Prés ils ne nous arrivaient pas à la cheville », faut le virer. J’étais en train de me demander « qu’est-ce que les soirées de St Germain des Prés vient faire là-dedans ? » (vu, que d’après ton âge, tu n’as pas pu les connaître beaucoup, – ni moi, d’ailleurs, sinon au cinéma…) et puis, j’ai vu… Cela coupe le récit. Des faits, tes sentiments d’alors, oui, mais fais pas le gorille qui se frappe la poitrine d’un air avantageux, ça n’ajoute rien à la force de ton récit.
as-tu lu des nouvelles de Jorn Niels ? (Par exemple « la vierge froide et autres racontars ». Ca se passe dans le Grand Nord, et c’est désopilant.) Signé Lika, ou l’art de se faire des ennemis.
@ Lika
Non ! Signé plutôt : Lika, la maîtresse d’école.
Il ne manque plus que vous donniez des notes aux billets et aux commentaires !
Mais non, tu sais bien Marianne, qu’il y a en France, depuis un certain temps, des « ateliers d’écriture »… Et puis… excuse-moi, ce serait pas l’Hôpital qui se moque de la Charité ? Tu veux des détails ?
@ Lika
Où avez-vous pris que je me sois moquée ?
J’ai simplement dit que je ne pensais pas que votre commentaire soit celui d’une ennemie, tout au plus d’un maîtresse d’école.
La belle affaire ! Mais qui me vaut des menaces à peine voilées.
J’ai peur !
ouais!! entre Lika et Marianne maintenant!!! la suite..la suite…
@lika: oui, vois tu 2 ou 3 ans avant de partir en guyane, j’allais souvent le vendredi ou samedi soir du coté de st germain où il y avait sans arrêts des soirées étudiants et rallies « branchés » et c’était en 1984/85. Ds le milieu que je fréquentais alors, c’était très branchouille et très en vogue chez mes potes et moi. Peut etre bien une nostalgie des années d’après guerre , jazzie et tout et tout mais il y avait du monde et ça décoiffait ! donc, oui, ces soirées à st germain avaient bien leur place ici. Et , avec le recul, elles avaient un côté assez superficiel par rapport à nos soirées guyanaises.
@marianne: faut pas que je le rencontre votre frédéric sinon on va encore faire des nuits blanches à se raconter « nos colonies » ! bisous
@boutfil: sevrage effectué mais, la vache, on a plus 20 ans la récup est plus longue, et désolé pour aujourd’hui , suis pris !
bises a eusebe !
@vlad: ca fait envie…y a plus qu’à !
@marianne et lika: vous faites duel à Corto’s coral ?
Mon Frédéric, mon cher Corto, il se trouve que tout le monde l’appelle « Fredo ». Un jour je lui ai demandé : « Finalement, qui t’appelle Frédéric ? » Et il m’a répondu : « Il n’y a que les flics et toi ! »
No comment !
C’était QUI la maîtresse d’école, là ? Donc, A la gare !
@marianne: les flics le respecteraient-ils autant que vous, votre Frédéric ? pour l’appeler par son prénom
Pardon, je suis embêtée de t’avoir dit ça, mais c’est quand j’aime un texte. Alors je le considère comme c’était moi qui l’avais écrit. Sinon, je ne dis rien, tu penses bien.
Ma belle-soeur Servane a aussi gardé un bo souvenir de La Guyane, où elle est allée avec son copain devenu par la suite son mari. Je vais lui demander, pour les fêtes et tout ça. La seule qui me soit restée dans le souvenir, est qu’elle insistait beaucoup sur cette humidité terrible. Est-ce partout ainsi en Guyane ? Car toi, tu donnerais à un jeune envie d’y aller aussi sec, si on peut dire…
@lika: ah ma pauvre lika, l’humidité en Guyane, le pire fléau, il est fréquent d’avoir plus de 80% d’humidité dans l’air ! et pendant la saison des pluies , oulalala caramba. Mais j ai bien peur que l’ambiance d’alors est bien changée et que la Guyane, à part son complexe forestier et rivieres se soit raproché completement de la métropole. Mon séjour date de 1987 à 1994. A l’époque, par exemple, pour aller de cayenne à Cacao , village « typique » de réfugiés hmongs devenus les maraîchers de la Guyanne il fallait 2 h de route sur une piste défoncée en latérite, aujourd’hui 30 mns je crois sur un beau bitume ! bises
Sympa des retrouvailles comme ça…. et puis les embrouilles, on oublie !
@francis: les embrouilles, c’est sans importance entre amis, ça ne dure pas !
Oh là là que de beaux souvenirs auxquels j’ai participé encore plus longtemps que toi !!! 15 ans de Guyane tu pense bien qu’on éfface pas !!!
Comme tu le dit justement, l’insouciance était de rigeur à cette époque, mais quels pieds avons – nous pris !!!
Le Bar » Le Metro » le restaurant » La Belle Epoque » la discothèque » Le Number One » etc… etc…
Sans oublier les bonnes paéllas de notre ami Alain !…
Nous traînions jusqu’à point d’heures… grâce, souvent aussi, à notre existant local assez bon marché à cette époque !!!…..LOL…..
@cotinette: salut ma couille ! faut avouer qu’on s’est bien marré tt de même. J’évoquai avec alain ce fameux diner chez toi, route ds plages, avec les jolis pains que tu avais fait confectionner en forme de pénis avantageux et tant d’autres soirées ! Camp Caïman, Venezuela, La Comtée, Le Paris-Cayenne …bisouilles!