Etre là – Folie passagère 389
Posté par corto74 le 1 juillet 2010
Le désespoir d’un ami cher est quelque chose d’incroyable, d’insupportable. Il vous tombe dessus, à l’improviste, sans crier gare, il faut être disponible. Trouver les mots, soigner les maux, espérer que cela soit possible. Eloigner le pire que l’on sent venir. Comment ? Avec quels moyens ? On est ni taillé ni préparé pour ce genre d’aventure. Parce qu’il s’agit bien d’une aventure: tenter d’empêcher l’irréparable. Parler, parler encore et encore. Avec la plus douce, la plus confiante des voix que l’on tente d’insuffler dans un putain de téléphone froid et inhumain. La distance. Transmettre, par delà l’éloignement, le réconfort. Cacher la peur et la douleur que l’on ressent pour ne laisser filer qu’espoir et volonté de vivre. L’épreuve est dure, difficile. Trois heures de boulot intensif, de discours, d’encouragements, de sanglots à digérer. Ne pas céder un pouce de terrain sur le »je n’en peux plus » de cet ami. Ne pas compatir, agir sur le moral, les bons souvenirs, les merveilleux moments. Il me fallait prendre possession de ses idées noires, me les approprier pour mieux les évacuer. Je ne peux céder aux promesses qu’il me demande de tenir. Hors de question d’accepter ses demandes de fleurs, blanches, sur sa tombe, là, où comme il dit, il sera bien. Je ne cèderais pas à ses demandes de pardon et de regrets. Je l’encourage, le sermonne, l’engueule, le bouscule. Le faire réagir; il faut qu’il se ressaisisse. Donner des mots d’amour et d’amitié, il me faut lui faire comprendre qu’il m’est indispensable, qu’il nous est indispensable. A moi et à ceux qu’il voudrait abandonner, nous avons besoin de lui, le croira-t-il ? Pourra-t-il admettre qu’il n’est pas seul, la preuve, je suis là. Pour lui.
J’ai droit aux larmes, aux sanglots, aux tréfonds de son âme blessée. Alors, je ris, je plaisante, j’ironise, tous les moyens sont bons. Pas question de chipoter, j’use de tous les stratagèmes, sans scrupules, même mentir. Tout est bon à prendre pour éviter le pire. Et cette incertitude, une fois le téléphone posé: ais-je bien fait, tout fait pour que demain la vie reprenne ses droits ? Je suis épuisé mais je ne dormirais pas, on ne sait jamais. Etre là, disponible, vaincre le désespoir, redonner espoir. Tu parles d’une aventure. La journée avait été bonne, pourtant.
D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr
Tu n’as pas l’ombre d’une idée de combien ce billet m’émeut ce soir… La réponse au pourquoi du comment tout bientôt chez moi.
Plein de courage mon cher Corto. Plein…
Bonjour au Maître des clés,
Je n’ai pas peur car je suis passé par les orages et les déserts.
Je n’ai pas peur car je dois passer par les déserts et les orages.
Corto, ça c’est très très difficile à vivre…comment savoir qu’on a trouvé les bons mots, les justes……ceux qui feront que……
je te fait pleins de gros bisous
Si un jour cela va vraiment mal, c’est à vous, mon cher Corto, que je m’adresserais ! Tenez-le vous pour dit.
Petit à petit, vous vous faites une place hors du commun sur ce blog, et qui va très, très loin dans l’humain.
Je vous embrasse, et je vous encourage car vous le méritez cent fois, mille fois, et en avez sans doute bien besoin aussi !
@tambour: J’irai lire sois en sur ! et du courage, y en a heureusement ..biz
@loc: certes certes, mais bon le calme et le soleil c’est pas mal non plus !
@boutfil: je verrais bien ce que ca a donné aujourd’hui pour l instant pas de nouvelles. Mais avoue qu’après une bonne journée, l’atterrissage est rude ! bises
@marianne: merci, vous embrasse !
C’est déjà difficile quand la personne est présente devant toi, c’est pire au téléphone.
En même temps, ton ami se livre peut être plus de loin, hors de ton regard. Te donne plus d’éléments pour combattre sa pulsion de départ.
Pas facile en tout cas de ne pas se laisser happer par son désespoir. Bon courage à ton ami, ça va passer, faut faire le gros dos. Et bon courage à toi.
Biz.
@carine: j ai les épaules larges mais bon, y a des trucs …
@avis !: L’orage est passé, les mots, les mots, parler, apparemment, ça marche…
Cher Corto, ce sont là des choses difficiles à faire. Il est dur de dire, mais il est aussi dur d’entendre… J’espère que tes mots l’ont rassuré mais pour longtemps… ce qui est le plus difficile à faire… Bises
@eusebe: c’est sur le « pour longtemps » que je compte, biz