Il était une fois, dans la France troublée des années 30, une petite fille dont le papa était très riche et dont la maman est morte alors qu’elle n’avait que cinq ans.
Elle s’appelle Liliane. Son papa Eugène Schueller, ancien colporteur, est à la tête de marques aussi prestigieuses que Ambre Solaire, Dop, Monsavon Peinture Valentine et quelques autres réunies sous le nom de L’Oréal qui deviendra une SARL et le premier groupe de cosmétiques au monde. A partir de 1937, Liliane qui a quinze ans, accomplit des stages dans l’entreprise de son papa, pendant que celui-ci non content de brasser des affaires, se mêle aussi de politique. Il est le principal financier d’une organisation terroriste d’extrême droite, tristement célèbre sous le nom de La Cagoule, au service de Marcel Déat, que Léon Blum considéra à un moment comme son dauphin, mais qui néanmoins choisit d’appuyer la politique de Laval et des Allemands, sous la direction d’Eugène Deloncle qui sera assassiné en 1944.
Bien d’autres personnages gravitent dans cette mouvance funeste : André Bettencourt qui dirige l’hebdomadaire collaborationniste « La Terre Française » et qui écrit le 12 avril 1941 : « Les juifs, les pharisiens hypocrites n’espèrent plus. Pour eux l’affaire est terminée. Ils n’ont pas la foi. Ils ne portent pas en eux la possibilité de redressement. Pour l’éternité leur race est souillée par le sang du juste. » Pierre Bénouville et François Mitterrand aussi, entre autres, seront d’une grande utilité à Eugène Schueller à la Libération, leurs témoignages non seulement lui permirent d’échapper à l’épuration, mais encore lui mériteront la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Une partie des dirigeants de La Cagoule seront récompensés en étant intégrés au groupe l’Oréal après la guerre, y compris Fançois Mitterrand.
André Bettencourt, entré à la direction de l’Oréal deviendra le mari de Liliane en 1950, et fera une brillante carrière politique. En 1953, ils auront une petite fille : Françoise. A la mort de son père en 1957, Liliane, sa fille unique, hérite du groupe L’Oréal et le grand public n’en entendra plus parler jusqu’à la mort de son mari en 2007.
Elle a maintenant 85 ans, elle est connue pour être « la femme la plus riche de France ». Sa fille Françoise a épousé un « discret banquier » né d’une illustre famille juive, en 1948. Deux de ses grands-parents ont péri à Auschwitz. Or, voilà que Françoise traîne sa mère devant les tribunaux au prétexte qu’elle subit l’influence d’un photographe qui était l’ami d’André Bettencourt, et qu’elle accuse de lui extorquer de l’argent. Le but est bien évidemment d’obtenir d’un juge sa mise sous tutelle et ainsi récupérer les droits de vote au conseil d’administration qu’elle avait gardés, bien qu’elle ait fait une donation de toutes ses actions à sa fille et à ses deux petits-fils.
Or Liliane se défendra : elle a toute sa tête, et personne qui ait vu son interview par Claire Chazal ne peut en douter. Le combat de sa fille continuera pourtant. Des enregistrements de conversations privées seront fournis au juge, ainsi qu’un témoignage de sa secrétaire, qui, apprendra-t-on a été payé 400 000 euros par Francoise Bettencourt-Meyers.
Liliane sera alors jetée en pâture à l’opinion publique par les media qui, entre-temps ont vu aussi un moyen de se débarrasser de Eric Woerth qui doit défendre la réforme de la retraite devant l’Assemblée et dont l’épouse travaille pour Liliane Bettencourt. On crie au scandale, au conflit d’intérêt. Tantôt Liliane est présentée comme une femme entretenant un gigolo de haut vol. Tantôt comme une fraudeuse du fisc qui cache son argent dans des paradis fiscaux. Tantôt enfin, comme une prévaricatrice qui fournirait des enveloppes d’argent liquide aux hommes politiques et jusqu’à Sarkozy lui-même.
Pendant toute la discussion de la loi sur les retraites à l’Assemblée, Liliane sera traînée dans la boue, et des pancartes à son effigie seront même brandies dans les manifestations anti-réforme.
Puis, contre toute attente, les parties s’étant sûrement rendu compte qu’elles n’auraient rien à gagner dans un procès, elles ont signé un accord de « réconciliation » dont le grand gagnant est Jean-Pierre Meyers qui prend la direction de la holding Téthys qui gère la fortune de sa belle-mère, et le silence médiatique s’est fait sur cette affaire qui, avait duré trois ans et avait coûté son poste à un ministre.
Mais voilà qu’un article de Slate signé Philippe Boggio, nous apprend que « la dame de Neuilly » est la seule de toutes les fortunes françaises à pouvoir rivaliser avec l’altruisme des milliardaires américains, Bill Gates et consorts, donateurs de leur fortune à des oeuvres de bienfaisance. Liliane Bettencourt, écrit-il, discrète philanthrope « celle vers qui devraient converger ces rancoeurs de fin décembre à propos de l’hyper-richesse, puisqu’elle en est devenue la caricature… Cette année encore Liliane Bettencourt a octroyé 552 millions d’euros à la Fondation Bettencourt-Schueller… Sur les dividendes qu’elle perçoit de L’Oréal, 30 millions sont rétrocédés, chaque année à des associations diverses. « La fondation est de loin le fonds familial le plus important du pays . »
« En cela , l’héritière d’Eugène Schueller se distinguait déjà des hyper-riches empressés de faire fructifier leur capital et décidés à rester sourds aux besoins de financement d’associations caritatives ou d’ONG. »
Honte aux requins de notre classe mediatico-politique qui se sont permis sans vergogne, de prendre pour cible de leur hargne politique, une grande dame de 88 ans, qui n’avait pas mérité le traitement inhumain qu’ils lui ont fait subir.
Marianne A., Dans le sac de Marianne (23).
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