Les livres n’ont rien à dire !

Posté par corto74 le 27 mars 2011

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FAHRENHEIT_451_by_aspius dans zOne Dimanche cuLture !Montag est un pompier, mais pas un pompier tel que nous le concevons aujourd’hui. Dans ce futur là, les pompiers brûlent les livres, fahrenheit 451 étant la température à laquelle ils brûlent. Un jour, Montag va commencer à douter et essayer de comprendre ce que contiennent ces livres, soit disant si dangereux. Beatty, son chef, voyant Montag réfléchir au « bien-fondé » de sa mission, va tenter de lui expliquer :


« Si vous ne voulez pas qu’un homme se rende malheureux avec de la politique, n’allez pas lui casser la tête en lui proposant deux points de vue sur une question ; proposez-lui-en un seul. Mieux encore, ne lui en proposez aucun. Qu’il oublie jusqu’à l’existence de la guerre. Si le gouvernement est inefficace, pesant, gourmand en matière d’impôt, cela vaut mieux que d’embêter les gens avec ça.

La paix, Montag !

Proposez des concours où l’on gagne en se souvenant des paroles d’une chanson populaire, du nom de la capitale de tel ou tel état ou de la quantité de maïs récoltée dans l’Iowa l’année précédente. Bourrez les gens de données combustibles, gorgez les de « faits », qu’ils se sentent gavés, mais absolument « brillants » côté information. Ils auront l’impression de penser, ils auront le sentiment du mouvement tout en faisant du sur-place. Et ils seront heureux parce que de tels faits ne changent pas. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie pour relier les choses entre elles. C’est la porte ouverte à la mélancolie. Tout homme capable de démonter un télécran mural et de le remonter, et la plupart des hommes en sont aujourd’hui capables, est plus heureux que celui qui essaie de jouer de la règle à calcul, de mesurer, de mettre l’univers en équations, ce qui ne peut se faire sans que l’homme se sente solitaire et ravalé au rang de la bête. Je le sais, j’ai essayé.

Au diable tout ça. Alors place aux clubs et aux soirées entre amis, aux acrobates et aux prestidigitateurs, aux casse-cou, jet cars, motogyres, au sexe et à l’héroïne, à tout ce qui ne suppose que des réflexes automatiques.»

Fahrenheit 451, publié en 1953 de Ray Bradbury.

Le texte du dimanche (57)

D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

( En liens, 2 extraits du film de François Truffaut )

11 Réponses à “Les livres n’ont rien à dire !”

  1. Marianne ARNAUD dit :

    La différence avec aujourd’hui, mon cher Corto, plus besoin de « pompiers » pour brûler les livres : les éditeurs les envoient au pilon eux-mêmes.

  2. corto74 dit :

    @marianne: impression où ce texte vous laisse totalement indifferente ?

  3. LiKa dit :

    La seule chose que j’aie réellement admiré dans Fahrenheit 451, c’est que certaines personnes apprenaient un livre entier par cœur, pour le préserver. Jamais je n’aurais été capable d’une telle performance.
    Ce que Marianne dit est juste. Les auteurs sont quand même informés. Ils peuvent venir racheter leurs livres au rabais.
    P.-S. : L’eau de toilette de mon mari est Fahrenheit. Depuis des années. Dior devait probablement aimer ce livre, et nous, nous aimons beaucoup ce parfum.

  4. corto74 dit :

    @lika: la seule chose ? moi j y vois beaucoup plus que cela, il y a tant d’anticipation réaliste… que de clairvoyance ! tiens relis ne serait ce que cette phrase: « Proposez des concours où l’on gagne en se souvenant des paroles d’une chanson populaire »

  5. Didier dit :

    Les pouvoirs brûlent Des livres pour rester au pouvoir, les peuples des étendards pour le prendre… :D

    Pas lu le bouquin, vu le film il y a bien longtemps. Si je me souviens bien, on peut trouver non-seulement des références intéressantes mais également des réflexions philosophiques universelles dans cette œuvre néanmoins majeure sans vraiment pouvoir la prendre pour autre chose que ce qu’elle est ; de la politique-fiction.

    Nous n’en sommes heureusement pas au passage que tu cites et l’histoire nous a montré que toutes les tentatives des plus timides aux moins équivoques se sont heureusement soldées par de cuisants échecs.

  6. Marianne ARNAUD dit :

    Je crois que nous avons largement dépassé le stade où les gens peuvent être bourrés de « données combustibles » et gorgés de « faits ». Ils n’en ont strictement rien à faire : ce qui les intéresse c’est les « reality-shows » – que monsieur Bradbury n’avait pas prévus – parce que là, ils comprennent ce qui se passe.
    Hier, mon petit voisin, 18 ans, classe de seconde, avait un exemple à chercher avec l’adjectif « docile ».
    Sa question : « qu’est-ce que ça veut dire, « docile » ? »
    Alors qu’importent les livres, si les gens ne sont plus CAPABLES de les lire ?
    Quant à « mettre l’univers en équations » j’avoue que je mourrai sûrement sans avoir eu, ne serait-ce que l’idée, de le faire !

  7. Didier Goux dit :

    Et puis, tout de même, choisir un dimanche pour parler de Montag…

  8. corto74 dit :

    @didier: ce ne serait, dis-tu, que de la politique fiction, Soit ! Mais une phrase qui m a fait tilté parmi d’autre c’est: « Proposez des concours où l’on gagne en se souvenant des paroles d’une chanson populaire, du nom de la capitale de tel ou tel état ou de la quantité de maïs récoltée. » As tu vu, même par hasard, le jeu Tv de Naguy:  » n’oubliez pas les paroles  » ou « Qui veut gagner des millions », qu’avons nous d’autre que ce qu’entrevoyait Bradbury ?

    « télécran mural » écrivait-il; n’est ce pas tres tendance aujourd’hui d’accrocher son écran plat au mur ?
    Bref, politique fiction, sans doute, mais le livre est bourré de ce genre de clins d’oeil anticipatoires

    @marianne: voyez mon com ci-dessus a Didier.
    Len gens plus capables de lire ? pas si sûr.

    @didier goux: ah ben tout de même, il fallait que ce soit vous pour s’apercevoir que j avais mis lundi, un dimanche :)

  9. Al West dit :

    Et bien mon cher Corto, moi, tout le brouhaha ambiant (de la Libye à Fukushima en passant par la politique intérieure) me rappelle furieusement « l’orgue de barbarie », de Prévert, sur un ton nettement plus badin (quoique…). C’est une impression qui me revient de plus en plus souvent.
    Je serais bien enclin à craindre (dans le pas de Marianne ?) la tendance qui consiste à s’attacher à la forme (nouvelles technologies, beaucoup de bla-bla…) en perdant de vue le sens, le fond.

  10. Didier dit :

    @ Corto > Très franchement non. J’ai entendu parler de ces émissions et peut-être entrevu « qui veut gagner des millions » pendant la seconde que pose ma zappette pour passer d’un programme à l’autre mais je ne connais rien du contenu ni le fonctionnement de ce jeu. Et le truc de Naguy, jamais vu du tout. En fait je pense plutôt que l’inverse s’est produit. Ce sont à mon avis ces inféconds du bulbe de la sphère médiatique qui ont pompé les concepts chez Bradbury.

  11. corto74 dit :

    @didier: « ces inféconds du bulbe de la sphère médiatique qui ont pompé les concepts chez Bradbury. » ca me va bien aussi !

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