Détestable

Posté par corto74 le 9 janvier 2011

Détestable dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

leach_vivant-204x300 dans zOne Dimanche cuLture !Mon texte du dimanche, je l’ai piqué ici.  Nom: Accent Grave. Lieu: Beloeil, Québec, Canada. 

« Je suis un grand détestable !

Détestez-vous ceux que vous ne connaissez pas? Des gens qui ne vous ont rien fait? C’est un phénomène intéressant. Apprenez que je suis détestable, une faculté bien développée. Cette semaine par exemple, on m’a détesté à répétition. Dès lundi, je me suis mis à l’ouvrage.

Une femme me dit :

- J’ai du mal à te suivre, tu es plutôt « spécial ».
- Merci!
- Ce n’est pas un compliment.
- C’est flatteur, comparé à ce qu’on dit de toi.
- Que dit-on de moi?
- Que tu n’as rien de « spécial ».
- Toi, je te déteste!


Excellent début! J’étais en forme cette semaine, aujourd’hui d’ailleurs, chacun est parti sans me souhaiter bonnes vacances! Détester quelqu’un c’est facile, ça ne demande aucune énergie, aucune endurance. Je dois donc déployer des trésors d’imagination pour que mes détracteurs ressentent un certain bienêtre à me maudir.

On me déteste plusieurs fois par jour et la même personne peut me détester à multiples reprises. Il y a tant de gens à détester, pourquoi s’acharne-t-on sur moi? Parce qu’en ce domaine je suis talentueux. Ne me croyez pas victime, je ne me plains pas. En me faisant détester, je soulage les gens. Je ne demande rien en échange, admirez l’altruisme. Mon œuvre sociale non reconnue est considérable. Je décharge les accumulations d’énergies négatives. Grâce à ma générosité, des conflits sont évités et pendant qu’on me déteste, les gens ne se détestent pas eux-mêmes. Ne me remerciez pas, n’écorchez pas mon humilité.

J’entends votre question : combien de vies ai-je sauvées? Plus que vous ne l’imaginez. Quotidiennement, je déploie des trésors d’imagination pour attirer la haine vers moi. Je suis un paratonnerre de malveillances, un catalyseur communautaire, un éliminateur d’agressivité, un absorbeur de stress. Je suis votre balle de caoutchouc compressible.Parfois je prends congé et ces jours-là, moi aussi je déteste, je déteste en série. En une seule heure, je peux détester une dizaine de personnes, hommes ou femmes. Je déteste avec cœur les vieux, les malades, les faibles, c’est thérapeutique. Je déteste sans discrimination. Ensuite, je prends une grande respiration et intérieurement, je remercie tous ces bénévoles inconscients. Je les remercie pour leur aspect dégueulasse, pour leur manie qui me tombe sur les nerfs, pour leur allégeance politique contraire à la mienne, pour leur lenteur qui m’exaspère, pour leur flegme qui m’énerve, pour leur sourire qui me bisque, bref, pour d’excellentes raisons.Parfois on subit un échec.

Il arrive que la personne que vous détestez se retourne et vous décoche un sourire. On ne peut pas toujours gagner, désarmé, vous répondrez lâchement par un rictus ou une quelconque mimique, ça survient rarement.»

Accent Grave, Blogueur Quebecois, 24 juillet 2010.

Le texte du dimanche (47).

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Genèse d’un blog

Posté par corto74 le 26 décembre 2010

Genèse d'un blog dans Zone c'eSt chez noUs! wikio4 Voter !

tumblrkzy5cf3nbv1qa0s4ao1400 dans zOne Dimanche cuLture ! » Puis il capitula. Oh, les justifications ne manquèrent pas ! On faisait maintenant des portables si discrets, si légers. Bon gré mal gré, on ne pouvait échapper à son époque. Monsieur Spitzweg se garda bien dans un premier temps d’évoquer sa seule motivation réelle. Elle portait l’étrange nom de blog. La première fois qu’il entendit ce mot, Arnold haussa les épaules. Cela sonnait comme une espèce de borborygme scandinave, moitié blizzard et moitié grog. Il eut bientôt l’occasion d’écouter des commentaires consacrés à ce nouveau mode d’expression.
- Si on tient un journal intime, ce n’est pas pour le propager sur les ondes d’Internet !
Monsieur Spitzweg aurait dû se méfier de ce commentaire abrupt. Si seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, Arnold est loin de la bêtise. Il devrait commencer à se connaître. Bientôt, mine de rien, il interrogea Clémence Dufour, d’un ton faussement détaché. Comment faisait-on pour tenir un blog ?
- Rien de plus simple ! lui fut-il répondu.
Pour noyer le poisson, il fit mine de se poser des questions sur l’ampleur du phénomène. Qui tenait des blogs ? Comment pouvait-on y accéder ?
Et certes, les premiers temps, il devint seulement lecteur de blogs. C’était vertigineux. Depuis plus de quarante ans, Arnold avait appris à composer avec la solitude. Et voilà que des milliers de solitude se livraient à portée de clavier et d’écran, révélaient sans apprêt leur différence. Car Arnold évita les blogs à caractère politique, érotique, thématique. Non, ce qui l’intéressait, c’était le journal intime, jeté comme une bouteille à la mer sur les ondes d’Internet. Il y avait pas mal de confessions fêlées, de paranoïa et de schizophrénie. Dans la découverte de ces épanchements, parfois bien embarrassants, Monsieur Spitzweg étaya le désir qui naissait en lui d’un blog léger, baladeur, à la surface des choses, sans philosophie ni morale – celui qu’il eût aimé lire, assurément. C’était désespérant de voir comment les gens pensaient se dire en déballant à l’infini des tartines de psychologie, en déplorant le cours défavorable du destin, en se situant dans une histoire.
Arnold ne pénétrait pas ces existences qui ne donnaient rien à voir, à humer, à regarder. Un temps déçu, il se sentit encouragé à rédiger un blog sans requête, sans exhibitionnisme, sans affectivité exacerbée. Sans partage ? La question méritait d’être posée. Le blog de Monsieur Spitzweg commençait ainsi :
« Il pleut. Les enfants ont quitté le square Carpeaux. Accoudé au balcon, j’ai allumé un petit cigare. Difficile d’éprouver le même plaisir depuis que la boîte est balafrée de ce rectangle noir et blanc : fumer tue. » (…)

C’est incroyable. www.anti action.com est pris d’assaut. La prose de Monsieur Spitzweg est lue par des milliers d’internautes. Arnold n’en revient pas. On le visite. Le terme ne tire pas à conséquence, s’avère assez cocasse pour quelqu’un qui ouvre aussi peu sa porte. On s’exprime aussi. Beaucoup de compliments, qu’Arnold a d’abord trouvé outranciers, mais on s’habitue vite. « Enfin quelqu’un qui voit la vie comme il faut la voir… Merci pour votre apologie du présent. Pour ma part… » Oui, il y a beaucoup de « pour ma part ». Ces enthousiasmes suivis d’épanchements sont souvent signés d’un prénom féminin accompagné d’une adresse e-mail, mais Monsieur Spitzweg s’est promis de ne pas répondre. La réelle inflation de ces réactions non sollicitées lui donne raison : comment pourrait-il faire ? Certaines correspondantes comprennent cette attitude « Ne perdez pas votre temps. Continuez seulement à cueillir le meilleur des jours. » Cueillir le meilleur des jours pour des Stéphanie, des Valérie, des Sophie ou des Leila, voilà qui n’est pas sans flatter l’ego d’Arnold, même s’il cueille davantage encore pour des Huguette ou des Denise. Parfois, c’est lui qui se fait cueillir. « Ce n’est pas avec des mentalités comme la vôtre qu’on sortira le pays de l’ornière ! Des spectateurs, on n’en a que trop engraissés. Il faudrait un peu retrousser ses manches ! » Et c’est signé Raoul, Roger, quelquefois Marceline. « 

Quelque chose en lui de Bartleby, Philippe Delerm, Ed. Mercure de France. couv%20QqchBartlebyavecbande

Le texte du dimanche (46)

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La chaise percée de Louis XIV

Posté par corto74 le 19 décembre 2010

La chaise percée de Louis XIV dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

Louis+XIV dans zOne Dimanche cuLture !« Quelle chaise ? Eh bien, oui, cette presse et cette foule sont entrées pour le moment où le roi va passer sur sa « chaise d’affaires ». C’est d’ailleurs pourquoi ses courtisans sont titulaires d’un « brevet d’affaires ». Il s’agit, bien entendu, de sa chaise percée.

Nous y voilà… On en a tant parlé, tant de générations de touristes, à Versailles, se sont étonnées, exclamées, esclaffées, qu’on a une légère hésitation avant de revenir sur ce sujet rebattu. Quoi ! Qu’est-ce ? Le Roi-Soleil fait ce qu’on appelle « ses besoins » en public ? N’y a-t-il donc pas, dans cet immense palais, le moindre recoin, une petite alcôve, un minuscule réduit, ce que justement nous avons fini par appeler « cabinet », où il puisse s’isoler, se cacher, se retirer un moment pour accomplir sans témoin l’acte, inévitable, mais grossier et sale, auquel est contrainte la nature humaine ? Pourtant si, il y en a, et précisément derrière sa chambre, et cela s’appelle justement « cabinet » ; mais cela sert à des choses beaucoup plus graves, notamment à traiter les affaires du royaume, si bien qu’aujourd’hui dans nos républiques nous appelons toujours « cabinet », une réunion de ministres, sans penser à mal. Mais pourquoi voudrait-on que le roi s’isole pour ce qu’il appelle « ses affaires » ? Pourquoi se cacherait-il, alors que tout le monde, en ce temps-là, sans fausse pudeur, s’installe sur la chaise percée en causant avec ses amis ?

La duchesse de Bourgogne fut l’une des plus aimables et des plus délicates figures de la cour, au temps du Roi-Soleil, qui l’adorait. La voici, sous la plume de Saint-Simon : « Un soir qu’allant se mettre au lit où Monsieur le duc de Bourgogne l’attendait, et qu’elle causait sur sa chaise percée avec Mmes de Nogaret et du Châtelet, qui me le contèrent le lendemain… »

Ce n’est donc pas le roi seul qui reçoit le public sur sa chaise percée, c’est tout le monde. On ne se cache pas, pas plus qu’on ne la cache. On y écrit, on y joue, les ministres y donnent audience, les généraux y donnent des ordres, les dames y causent. C’est tout simple.

Ainsi, une fois de plus, le Roi-Soleil fausse le jeu. Parce qu’il est roi et qu’on visite en foule son château de Versailles, il cristallise autour de sa personne une problématique qui ne se pose pas dans les termes que nous croyons. Une fois encore, le XVIIIe siècle s’intercale entre lui et nous ; car c’est bien lui, le siècle des Lumières, qui, de même qu’il a inventé la salle à manger dont on se passait avant Louis XV et le couloir qui permet d’entrer dans une chambre sans avoir besoin de traverser la précédente, c’est lui qui a inventé la nécessité de ce lieu privé que nous avons, Dieu sait pourquoi, mis au pluriel, « cabinets », avant de la traduire en anglais. (…)

Voilà quelles étaient les pudeurs du XVIIe siècle, qui étaient encore actuelles au temps de Bernardin de Saint-Pierre, pendant la Révolution. Elles ne faisaient pas sourire, elles faisaient pleurer d’émotion. Elles nous paraissent peut-être ridicules, elles ne l’étaient pas. Nos manières de faire l’auraient peut-être été et nos larmes aussi.

Prenons donc les choses avec la même simplicité que nos anciens et ne donnons pas à cette chaise plus d’importance qu’elle n’en avait, puisque ce serait justement pécher contre le naturel avec lequel ils en usaient : si ce n’est, une fois encore, pour nous étonner de la distance qui sépare ce que nous croyons avoir été de ce qui fut. »

 » Le Roi Soleil se lève aussi « , Philippe Beaussant, Editions Gallimard.

Le texte du dimanche (45)

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L’ attentat pâtissier

Posté par corto74 le 5 décembre 2010

L' attentat pâtissier dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

Dado-peintures-murales dans zOne Dimanche cuLture !Cet homme est fou. Vous le connaissez tous sans même bien souvent connaître son nom. Il est célèbre pour ses non moins illustres entartrés sur lesquels avec rage, passion, ridicule, colère ou dérision, il s’est plu à ravaler la façade avec moultes tartes. Cet homme est un terroriste, il pratique allègrement L’Attentat Pâtissier; acte barbare pour lequel il composa une ode. Extrait:

       Le travail est un mal, cultivons la paresse:
      Au lieu de travailler, couvrons-nous de caresses!
      A bas le dévouement, le goût du sacrifice,
      A bas la modestie sur laquelle je pisse!
      Rions, baisons, vivons, et à bas l’ascétisme
      Qui mène tant de gens tout droit au crétinisme!
      Mort aux institutions! Redevenons sauvages!
      De tous les pisse-froid décidons le carnage!
      Apprenons aux enfants à brûler leurs écoles,
      A copuler entre eux, à boire de l’alcool!
      Allons d’un pas coquin faire mille conquêtes
      Chez les vieux occupants des maisons de retraite:
      Avec eux nous ferons de folles bacchanales,
      Mettant la joie au coeur, ainsi qu’au trou de balle,
      De ces aïeux chenus qui si près de la tombe
      Rigoleront enfin tout en faisant la bombe.
      Pour combattre l’ennui soyons des flibustiers:              
      A son abolition donnons-nous tout entier!
      Avec acharnement, ruons dans les brancards:
      La guerre est déclarée contre tous les tocards!
      Mais n’acceptons jamais de marcher au martyre:              
      Zut à tous les héros qui rêvent de souffrir!
      N’omettons point, crénom! de jeter bas les grilles
      Qui depuis deux mille ans constituent la famille,                 
      Non plus que les ghettos de rigueur carcérale
      Que sont les prétendues communautés tribales!
      Proclamons qu’à tout coup la femme devient moche
      Quand elle est transformée en pondeuse de mioches! (…)  
      Il arrive parfois que lors de quelque crime
      De son propre bourreau complice est la victime;
      N’ayons donc en ces cas nulle pitié pour elle,
      Qui n’est à ses dépens qu’une bête cruelle.
      Nous n’avons pas en nous les élans masochistes
      Des libéraux tarés et des sots humanistes:                           
      Soyons intolérants! Vive le terrorisme!
      Nous irons jusqu’au bout de ce jusqu’au-boutisme,
      Balayant devant nous ceux qui n’ont d’autre envie
      Que de s’enquiquiner en disant: « C’est la vie! »
      Nous voulons que la vie, justement, soit la fête,
      Et pour y parvenir nous ferons place nette,
      Nous sommes impatients, il est urgent de vaincre:
      Nous n’avons pour l’instant pas le temps de convaincre.
      Haro sur l’ennemi! Sautons-lui sur le râble!
      Pas de juste milieu! Soyons déraisonnables!

Georges Le Gloupier, entartreur, 1981. extrait de son ode à lire en intégralité ici.

Le texte du dimanche (44)

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D’un mot, se faire un ennemi

Posté par corto74 le 28 novembre 2010

D'un mot, se faire un ennemi dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

ThC-0087 dans zOne Dimanche cuLture !Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.

Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille du plus mystérieux
De vos amis de coeur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.

Ce MOT – que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre -
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin,
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l’homme en face dit :
« Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel. »

Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo, Toute la Lyre. (extrait)

Le texte du dimanche (43)

papier-de-cru-avec-la-clavette-et-l-encrier-encastr-eacute-d-encre--thumb4583765D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

 

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Le mensonge tue

Posté par corto74 le 21 novembre 2010

Le mensonge tue dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

catlin_wunnestoublackfmedma dans zOne Dimanche cuLture !Aux alentours de l’an mil de notre ère, un jeune Indien Béothuk, Anin, fait le tour de ce qu’il croit être « le monde » : l’île de Terre-Neuve. Fondateur d’un nouveau clan, Anin est l’ancêtre de tous les personnages dont la geste de huit siècles, ici racontée à plusieurs voix, finit par former, jusqu’au terme d’un lent et inexorable génocide, la saga d’une nation aujoud’hui disparue.

« Camtac disait que l’apprentissage durait toute la vie et que se perpétuer en ses enfants ne lui apporterait rien de plus que ce qu’il aurait enseigné à ses successeurs dans ce monde. Que la connaissance totale ne venait que de la mort et de la réincarnation en d’autres êtres. C’est ainsi que la connaissance vient aux humains. Dans une vie on se suffit à soi-même. Dans la réincarnation, on apprend aux autres. Dans la sagesse de la connaissance, on transmet à ceux qui viendront la mémoire de ceux qui ne sont plus. Et c’est ainsi que survit un peuple, une nation. Tout le savoir d’un homme ne sert à rien s’il n’est pas transmis. Toute transmission ne sert à rien si elle n’est pas comprise. Il faut donc toujours avoir les oreilles propres pour entendre et les yeux ouverts pour voir et comprendre. Voilà le secret de l’existence des Béothuks. C’est pourquoi, selon Camtac, les Béothuks vivraient toujours, même quand mourrait le dernier. Ils continueraient de vivre en d’autres. Dans d’autres mémoires. Dans d’autres apprentissages. Camtac disait que les Béothuks étaient éternels. Ils étaient la vie. Il y aurait toujours des Béothuks dans le monde entier. Car il y aurait des choses à apprendre. Ils sont éternels par leur besoin de savoir, de connaître, de donner.

Le Malouin avait écouté le père de sa première épouse sans jamais l’interrompre, selon une coutume béothuke que Le Guellec avait vite apprise.

 » Si tu veux apprendre, regarde et écoute. Ne pose pas de questions inutiles. Tu pourrais forcer les gens à mentir. Souviens-toi de ce qu’à dit l’aïeul Anin sur le mensonge dans son récit sur son voyage. Le mensonge est mal et mérite la mort. Le mensonge, c’est la mort. Seule la vérité existe. Seule la vérité doit vivre. Le mensonge tue, le mensonge fait mal à l’intérieur et ronge qui le commet. La vérité la plus laide vaut mieux que le plus beau des mensonges. « 

Si le mensonge tuait vraiment, tous les Français seraient morts depuis longtemps, songeait l’ancien marin de l’équipage de Jacques Cartier pendant son voyage vers les autres villages béothuks de l’île des Addaboutiks, les Hommes-Rouges. »

La saga des Béothuks, Bernard Assiniwi, extrait .

Le texte du dimanche (42)

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Je vais donc ému, tranquille

Posté par corto74 le 14 novembre 2010

Je vais donc ému, tranquille dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

De+Gaulle+sur+les+Champs+Elys%C3%A9e dans zOne Dimanche cuLture !« Ah ! C’est la mer l Une foule immense est massée de part et d’autre de la chaussée. Peut être deux millions d’âmes. Les toits aussi sont noirs de monde. A toutes les fenêtres s’entassent des groupes compacts, pêle mêle avec des drapeaux. Des grappes humaines sont accrochées à des échelles, des mâts, des réverbères. Si loin que porte ma vue, ce n’est qu’une houle vivante, dans le soleil, sous le tricolore.

Je vais à pied. Ce n’est pas le jour de passer une revue où brillent les armes et sonnent les fanfares. Il s’agit, aujourd’hui, de rendre à lui même, par le spectacle de sa joie et l’évidence de sa liberté, un peuple qui fut, hier, écrasé par la défaite et dispersé par la servitude. Puisque chacun de ceux qui sont là a, dans son coeur, choisi Charles de Gaulle comme recours de sa peine et symbole de son espérance, il s’agit qu’il le voie, familier et fraternel, et qu’à cette vue resplendisse l’unité nationale. Il est vrai que des états majors se demandent si l’irruption d’engins blindés ennemis ou le passage d’une escadrille jetant des bombes ou mitraillant le sol ne vont pas décimer cette masse et y déchaîner la panique. Mais moi, ce soir, je crois à la fortune de la France. Il est vrai que le service d’ordre craint de ne pouvoir contenir la poussée de la multitude. Mais je pense, au contraire, que celle ci se disciplinera. Il est vrai qu’au cortège des compagnons qui ont qualité pour me suivre se joignent, indûment, des figurants de supplément. Mais ce n’est pas eux qu’on regarde. Il est vrai, enfin, que moi même n’ai pas le physique, ni le goût, des attitudes et des gestes qui peuvent flatter l’assistance. Mais je suis sûr qu’elle ne les attend pas.

Je vais donc, ému et tranquille, au milieu de l’exultation indicible de la foule, sous la tempête des voix qui font retentir mon nom, tâchant, à mesure, de poser mes regards sur chaque flot de cette marée afin que la vue de tous ait pu entrer dans ,mes yeux, élevant et abaissant les bras pour répondre aux acclamations. II se passe, en ce moment, un de ces miracles de la conscience nationale, un de ces gestes de la France, qui parfois, au long des siècles, viennent illuminer notre Histoire. Dans cette communauté, qui n’est qu’une seule pensée, un seul élan, un seul cri, les différences s’effacent, les individus disparaissent. Innombrables Français dont je m’approche tour à tour, à l’Étoile, au Rond Point, à la Concorde, devant l’Hôtel de Ville, sur le parvis de la Cathédrale, si vous saviez comme vous êtes pareils ! Vous, les enfants, si pâles qui trépignez et criez de joie ; vous, les femmes, portant tant de chagrins, qui me jetez vivats et sourires; vous, les hommes, inondés d’une fierté longtemps oubliée, qui me criez votre merci ; vous, les vieilles gens, qui me faites l’honneur de vos larmes, ah ! comme vous vous ressemblez ! Et moi, au centre de ce déchaînement, je me sens remplir une fonction qui dépasse de très haut ma personne, servir d’instrument au destin… »

Extraits de Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, T.2, l’Unité, Plon, 1956.

Le texte du Dimanche (41)

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Un petit parfum d’homophobie…

Posté par corto74 le 11 novembre 2010

Un petit parfum d'homophobie... dans zoNe à  mOi wikio4 Voter !

50013.81420132.1.450 dans zOne Dimanche cuLture !Oui, c’est celà, comme un petit parfum d’homophobie latente, discrète; celle qui ne fait pas de bruit; l’homophobie qu’il m’arrive même de comprendre, parfois, n’avons-nous pas peur de ce que nous ne connaissons pas …

Pour les habitués de ce blog, le dimanche, histoire de me reposer les méninges, c’est la publication (autorisée et/ou signalée) d’un texte d’un auteur connu ou pas connu, le copié-collé d’une vidéo, d’un poème, d’un billet publié sur un autre blog… Bref, un texte qui me plaît et qui, avec un peu de chance plaira, aux gens de passage. Et celà fonctionne plutôt bien, 40 publiés à ce jour. 40 dimanches.

Une e-copine avait répéré sur un blog un texte intéressant dont j’aurai bien fait mon et votre 4 heures, dimanche prochain. Un texte sur la non-défense regrettable de notre patrimoine et de nos origines, original, un sujet dont on ne parle pas bien souvent. Autorisation de publication est demandée à son auteure, logique et normal. La réponse de celle-ci m’a… je n’ai pas encore trouvé le mot adéquat: irrité, choqué, heurté, blessé, énervé, titillé… Vous aurez peut-être bien votre idée, vous me direz. Bref, la réponse fût la suivante:

« Je viens de visiter le blog de Corto.Je pensais qu’il était gay (le blog) , mais pas militant  voyant , simplement de reflexion politique sans affichage sexuel. Compte tenu du dernier article ( ici ) , impossible , chère amie , de lui confier mon texte.  Si il y est déja , qu’il le retire immédiatement. Je regrette. « 

Bien. Certes, le taulier, et donc son blog, sont gays et alors ? Ce blog, dans ses publications, est-il à forte connotation homosexuelle? Je ne le crois pas.  Le malaise et la crainte de l’auteure viendraient donc peut-être de son côté « militant voyant ». Vous trouvez ? moi pas. Certains billets parlent de l’homosexualité mais certainement pas de façon militante; je m’en étais expliqué , le communautarisme et le militantisme homosexuels m’emmerdent au plus haut point. « Sans affichage sexuel »… C’est peut-être le truc qui coince, les photos ? Oui, encore que, depuis le temps, force est de constater que, pour l’instant, elles n’ont choqué personne; personne ne s’en est plaint en tout cas malgré la diversité de mes visiteurs… « Le dernier article » ? Il parle de façon plutôt drôle, il me semble, de l’évolution de l’acte d’amour, pas d’homosexualité, encore moins de gauloiseries à 2 balles…

Du message de l’auteure en question, j’en conclu donc que si ce blog n’était pas un blog tenu par un homo, que si ce blog ne parlait pas d’homosexualité, que si ce blog n’affichait aucune jolie photo et que si ce blog se dispensait de tout militantisme homo supposé ou apparaissant comme tel, que si ce blog se contentait de ne parler que de politique, et proprement, siouplait, j’aurai pu vous faire partager son joli texte ! Ben non, et tant pis pour la dame.

Certains verront dans ce refus de publication le droit de l’auteure à ne pas voir ses guêtres trainer n’importe où, soit et pourquoi pas, ce serait bien son droit ! Je pense différemment, j’y vois juste comme un petit parfum d’homophobie latente, discrète, du genre « on ne se mélange pas « . Vous savez l’homophobie, ce sentiment que l’on sait ne pas être bien mais que l’on ne peut s’empêcher d’exprimer, même discrètement, parfois inconsciemment. Pas vous ? Votre avis m’intéresse…

Folie passagère 482.

gal-614263 dans ZoNe GaYD’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

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Une blogueuse en appelle aux blogueurs

Posté par corto74 le 7 novembre 2010

Une blogueuse en appelle aux blogueurs dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

la-courte-echelle dans zOne Dimanche cuLture !Boutfil vous connaissez ? C’est une copine de blog. On s’est connu en bloguant, on s’est reconnu et on s’est rencontré pour blaguer. Elle a des heures de blog à son actif, plus de 30 893 visiteurs au compteur, c’est pas rien tout de même ! Et non seulement, elle blogue et dialogue mais en plus, elle est grave tout de même, elle aide, avec son homoabnegatus de mari, ceux qui ont besoin d’être aidés. Ne lui dites pas, mais, sans qu’elle le sache, je lui ai piqué sur son blog de quoi faire mon texte du dimanche. Ce n’est pas de la poésie, juste un appel à l’aide…

  » Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que, depuis plus de 15 ans, je m’occupe de notre association La Courte Echelle. Nous avons créé cette épicerie sociale et depuis ses débuts, elle ne désemplit hélas, pas.

Cette année, les demandes sont encore plus nombreuses.

Les subventions de l’état ont été réduites dans un premier temps, puis supprimées complètement. Seules les aides de la Ville de Paris et du Département sont maintenues.

Motif ? les fonds doivent aller en priorité aux gens dans la rue (?)…

Nous ne comprenons pas vraiment cette manière de voir les choses car nos familles, si elle ne sont pas dehors, sont au bord du gouffre pour beaucoup d’entre elles.

La particulatité d’une épicerie sociale c’est que nous ne donnons pas, nous demandons aux familles de participer modestement à leurs achats.

Et c’est ce qui fait notre succès

En effet, beaucoup de personnes ne veulent pas de l’assistanat complet, elles se sentent dévalorisées et le fait de payer quelques euros pour leur alimentation leur permet garder leur dignité.

Nous allons participer à la collecte de la banque alimentaire, mais ça ne sera pas suffisant pour tenir toute la saison.

Nous manquons d’huile, de conserves, de farine, de sucre, de pas mal de choses en fait…

Alors bien sûr, en ce moment, on fait appel à toutes les bonnes volontés pour nous aider à récupérer de quoi remplir nos rayons…

Si vous avez des idées pour nous aider,

Si vous avez des relations dans de grandes entreprises agro-alimentaires, on est preneur ! Toutes les aides sont bienvenues !

Certains blogueurs nous connaissent, savent le travail que nous réalisons auprès des familles et l’investissement en temps et en énergie qu’il faut déployer pour aider son prochain... »

Alors, si, d’une manière ou d’une autre, lui donner un coup de main est dans vos cordes et vos envies, vous pouvez lui écrire à: danielle-gagnon@orange.fr ou à: La Courte Echelle, 73, rue Curial, 75019 Paris. Téléphone: 01.40.38.22.64

Le texte du dimanche (40), faites tourner !

aider-courte-echelleD’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

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Se défaire du joug de l’opinion

Posté par corto74 le 31 octobre 2010

Se défaire du joug de l'opinion dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

0012 dans zOne Dimanche cuLture ! » En suivant la route où se presse et s’agite la foule, on s’éloigne du bonheur, puisque la plupart des hommes se plaignent de leur sort. Si l’on choisit un sentier différent, on ne peut se dérober aux traits de la censure, puisque la multitude suppose qu’on s’égare. C’est donc une insigne folie que d’espérer à la fois le bonheur et l’approbation des hommes. [...]

Une vérité qu’il faudrait présenter sous mille formes à la jeunesse, c’est que le bonheur exige du courage. Tel homme a des qualités estimables, une famille intéressante, des amis éprouvés, une fortune égale à ses besoins ; son sort vous paraît doux : que le public en juge différemment ! Cet homme, dit le public, a de l’intelligence ; pourquoi n’a-t-il pas augmenté sa fortune ? Il pouvait se distinguer, pourquoi n’a-t-il pas sollicité telle place? Il se pique d’une originalité ridicule, ou plutôt nous le jugions trop favorablement ; et puisqu’il est sans crédit, c’est qu’il ne peut en obtenir. Si cet homme n’a pas de courage, plaignez-le ; ils finiront par le rendre honteux de son bonheur. [...]

Bizarre contradiction ! On juge ses idées avec complaisance, on prononce sur celles des autres avec sévérité ; et chaque jour on sacrifie des principes qu’on estime à la peur d’être blâmé par des gens qu’on méprise.

A l’instant où j’échappe au joug de l’opinion, quel horizon vaste et serein se développe à mes yeux ! Les plaisirs de la vanité s’enfuient, j’acquiers ceux du repos et de l’indépendance. De combien d’heures je vois s’accroître mes journées ! Je n’en sacrifierai plus au désir inquiet de conserver un protecteur, d’éclipser des rivaux ; je n’en donnerai plus à la triste étiquette ; c’est pour moi désormais que je prolongerai d’agréables veilles. Les caprices des hommes ont perdu sur moi leur empire. Pauvre, j’ignorerai les douleurs qu’excitent la raillerie déchirante et l’accablant mépris ; riche, d’oisifs importuns n’ordonneront point mes dépenses, et l’heureux choix de mes plaisirs multipliera mes richesses. [...]

J’entends des hypocrites m’accuser ; j’entends des hommes faibles demander s’il n’est point dangereux de prêcher ainsi le mépris de l’opinion. [...] Le méchant et le sage brisent tous deux le joug de l’opinion : l’un pour faire plus mal, l’autre pour faire mieux que le commun des hommes.

Qu’un être dépravé commette moins de fautes en cédant aux caprices de l’opinion que s’il s’abandonnait à ses propres erreurs, je le conçois. Il est des passions cruelles et des vices honteux qu’elle réprouve, au milieu même de ses égarements ; mais elle donne à la fausseté le nom de politesse, à la lâcheté, le titre de prudence. Craignez le ridicule est sa maxime favorite ; et, pour former des hommes, il faudrait que, jusqu’au fond des coeurs, on imprimât cette autre maxime : Ne crains que les remords !

Non, tu n’auras point à rougir de mes leçons, toi qu’une âme simple et généreuse rend digne du bonheur ; mais suis avec courage la route que je trace. [...] Consulte les hommes instruits par les leçons des sages et de l’expérience ; consulte ceux auxquels tu voudrais ressembler : ils t’apprendront surtout à descendre en toi-même. Interrogée de bonne foi, la conscience nous éclaire. Dans le tumulte de nos vices, malgré nous elle se fait entendre, et, si nos passions l’altèrent, après l’orage elle fait reparaître encore la vérité : ainsi le fleuve, troublé par la tempête, aussitôt qu’il se calme, réfléchit de nouveau l’azur du ciel et la verdure de ses rives. « 

Joseph Droz, membre de l’Académie Française, Essai sur l’art d’être heureux, Chap. VIII. Extraits.

Le texte du dimanche (39)

001.jpgD’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

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