A propos des américains – Le texte du dimanche (19)

Posté par corto74 le 30 mai 2010

A propos des américains - Le texte du dimanche (19) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

Antonin+Artaud_3 dans zOne Dimanche cuLture !Antonin Artaud, ce mec est fou, un fou génial sans doute, poète, dramaturge, scénariste, acteur, essayiste, dessinateur, …, interné psychiatrique, « un désespéré qui vous parle « , disait-il. 

« J’ai appris hier
il faut croire que je retarde, ou peut-être n’est-ce
qu’un faux bruit, l’un de ces sales ragots
comme il s’en colporte entre évier et latrines
à l’heure de la mise aux baquets des repas une
fois de plus ingurgités,
j’ai appris hier
l’une des pratiques officielles les plus sensation-
nelles des écoles publiques américaines
et qui font sans doute que ce pays se croit à la
tête du progrès.
Il paraît
que parmi les examens ou épreuves que
l’on fait subir à un enfant qui entre pour la
première fois dans une école publique,
aurait lieu l’épreuve dite de
la liqueur séminale ou
du sperme,
et qui consisterait à demander à cet enfant nouvel
entrant un peu de son sperme afin de l’insérer
dans un bocal
et de le tenir ainsi prêt à toutes les tentatives de
fécondation artificielle qui pourraient ensuite
avoir lieu .
Car de plus en plus les Américains trouvent qu’ils
manquent de bras et d’enfants,
c’est-à-dire non pas d’ouvriers
mais de soldats,
et ils veulent à toute force et par tous les moyens
possibles faire et fabriquer des soldats
en vue de toutes les guerres planétaires qui
pourraient ultérieurement avoir lieu ,
et qui seraient destinées à démontrer par les
vertus écrasantes de la force
la surexcellence des produits américains,
et des fruits de la sueur américaine sur tous les
champs de l’activité et du dynamisme possible
de la force.
Parce qu’il faut produire,
il faut par tous les moyens de l’activité possibles
remplacer la nature partout où elle peut être
remplacée,
il faut trouver à l’inertie humaine un champ
majeur,
il faut que l’ouvrier ait de quoi s’employer,
il faut que des champs d’activités nouvelles
soient créés,
où ce sera le règne enfin de tous les faux produits
fabriqués,
de tous les ignobles ersatz synthétiques
où la belle nature vraie n’a que faire,
et doit céder une fois pour toutes et honteusement
la place à tous les triomphaux produits de
remplacement
où le sperme de toutes les usines de fécondation
artificielle fera merveille
pour produire des armées et des cuirassés.
Plus de fruits , plus d’arbres, plus de légumes,
plus de plantes pharmaceutiques ou non et
par conséquent plus d’aliments,
mais des produits de synthèse à satiété,
dans des vapeurs,
dans des humeurs spéciales de l’atmosphère, sur
des axes particuliers des atmosphères tirées de
force et par synthèse aux résistances d’une
nature qui de la guerre n’a jamais connu que
la peur.
Et vive la guerre, n’est-ce pas?
Car n’est-ce pas, ce faisant, la guerre que les
Américains ont préparée et qu’ils préparent ainsi
pied à pied.
Pour défendre cet usinage insensé contre toutes
les concurrences qui ne sauraient manquer de
toutes parts de s’élever,
il faut des soldats, des armées, des avions, des
cuirassés…
de là ce sperme
auquel il paraîtrait que les gouvernements de
l’Amérique auraient eu le culot de penser.
Car nous avons plus d’un ennemi
et qui nous guette, mon fils,
nous, les capitalistes-nés,
et parmi ces ennemis
la Russie de Staline
qui ne manque pas non plus de bras armés.
Tout cela est très bien,
mais je ne savais pas les Américains un peuple si
guerrier .
Pour se battre il faut recevoir des coups
et j’ai vu peut-être beaucoup d’Américains à la
guerre
mais ils avaient toujours devant eux d’incommen-
surables armées de tanks, d’avions, de cuirassés
qui leur servaient de bouclier.
J’ai vu beaucoup se battre des machines à la guerre
mais je n’ai vu qu’à l’infini derrière
les hommes qui les conduisaient.

En face du peuple qui fait manger à ses chevaux,
à ses boeufs et à ses ânes les dernières tonnes
de morphine vraie qui peuvent lui rester
pour la remplacer par des ersatz de fumée,
j’aime mieux le peuple qui mange à même la
terre le délire d’où il est né ,
je parle des Tarahumaras
mangeant le Peyotl à même le sol
pendant qu’il naît,
et qui tue le soleil pour installer le royaume de la
nuit noire,
et qui crève la croix afin que les espaces de
l’espace ne puissent plus jamais se rencontrer
ni se croiser . »

Antonin Artaud – Emission radiodiffusée en 1947 –   » Pour en finir avec le jugement de Dieu  »

antonin-artaudD’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

 

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Kitsch à souhait – Le texte du dimanche (18)

Posté par corto74 le 23 mai 2010

Kitsch à souhait - Le texte du dimanche (18) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

ST-Rogers-05G dans zOne Dimanche cuLture !Le kitsch qualifie habituellement le mauvais goût populaire, genre bariolé et pimpant, un peu toc. Mais ce terme prend des sens plus précis chez les philosophes. Par exemple pour Schopenhauer il désigne l’art qui vise à stimuler la volonté (et le désir) plutôt qu’à l’apaiser : l’image érotique est kitsch tandis que la Vénus de Botticcelli est belle… Chez l’écrivain Milan Kundera, ce concept prend encore un autre sens :

« Le débat entre ceux qui affirment que l’univers a été créé par Dieu et ceux qui pensent qu’il est apparu tout seul concerne quelque chose qui dépasse notre entendement et notre expérience. Autrement réelle est la différence entre ceux qui doutent de l’être tel qu’il a été donné à l’homme (peu importe comment et par qui) et ceux qui y adhèrent sans réserve.
Derrière toutes les croyances européennes, qu’elles soient religieuses ou politiques, il y a le premier chapitre de la Genèse, d’où il découle que le monde a été créé comme il fallait qu’il le fût, que l’être est bon et que c’est donc une bonne chose de procréer. Appelons cette croyance fondamentale accord catégorique avec l’être.
Si, récemment encore, dans les livres, le mot merde était remplacé par des pointillés, ce n’était pas pour des raisons morales. On ne va tout de même pas prétendre que la merde est immorale ! Le désaccord avec la merde est métaphysique. L’instant de la défécation est la preuve quotidienne du caractère inacceptable de la Création. De deux choses l’une : ou bien la merde est acceptable (alors ne vous enfermez pas à clé dans les waters !), ou bien la manière dont on nous a créés est inadmissible.
Il s’ensuit que l’accord catégorique avec l’être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée et où chacun se comporte comme si elle n’existait pas. Cet idéal esthétique s’appelle le kitsch.
C’est un mot allemand qui est apparu au milieu du XIXe siècle sentimental et qui s’est ensuite répandu dans toutes les langues. Mais l’utilisation fréquente qui en est faite a gommé sa valeur métaphysique originelle, à savoir : le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde ; au sens littéral comme au sens figuré : le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l’existence humaine a d’essentiellement inacceptable. « 

Milan Kundera, L’Insoutenable légèreté de l’être (1984), VI, 5

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La banqueroute – Le texte du dimanche (17)

Posté par corto74 le 16 mai 2010

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 dans zOne Dimanche cuLture !Il y a des trouvailles dont on ne se lasse pas… Mirabeau, dans un discours devant l’Assemblée des députés, plaide pour que chaque citoyen contribue à combler le déficit du budget de l’État.

  » Mes amis, écoutez un mot, un seul mot. Deux siècles de déprédations et de brigandage ont creusé le gouffre où le royaume est près de s’engloutir. II faut le combler ce gouffre effroyable ! eh bien, voici la liste des propriétaires français. Choisissez parmi les plus riches, afin de sacrifier moins de citoyens; mais choisissez; car ne faut-il pas qu’un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple ? Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi combler le déficit. Ramenez l’ordre dans vos finances, la paix et la prospérité dans le royaume… Frappez, immolez sans pitié ces tristes victimes ! Précipitez-les dans l’abîme ! il va se refermer… vous reculez d’horreur… Hommes inconséquents ! hommes pusillanimes ! Eh ! ne voyez-vous donc pas qu’en décrétant la banqueroute ou, ce qui est plus odieux encore, en la rendant inévitable sans la décréter, vous vous souillez d’un acte mille fois plus criminel, car enfin cet horrible sacrifice ferait du moins disparaître le déficit. Mais croyez-vous, parce que vous n’avez pas payé, que vous ne devrez plus rien ? Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes qui perdront en un instant, par l’explosion terrible ou par ses contrecoups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie, et peut-être leur unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ?
  Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront comme tant d’autres, et d’autant plus rapidement qu’elles seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d’hommes sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n’aurez voulu diminuer ni le nombre ni fa délicatesse ?… Non, vous périrez, et dans la conflagration universelle que vous ne frémissez pas d’allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas une seule de vos détestables jouissances.
  Voilà où nous marchons… J’entends parler de patriotisme, d’élan de patriotisme, d’évocation de patriotisme. Ah ! ne prostituez pas ces mots de patrie et de patriotisme. Il est donc bien magnanime l’effort de donner une portion de son revenu pour sauver tout ce qu’on possède ! Eh ! messieurs, ce n’est là que de la simple arithmétique, et celui qui hésitera ne peut désarmer l’indignation que par le mépris que doit inspirer sa stupidité. Oui, messieurs, c’est la prudence la plus ordinaire, la sagesse la plus triviale, c’est votre intérêt le plus grossier que j’invoque. Je ne vous dis plus, comme autrefois : donnerez-vous les premiers aux nations le spectacle d’un peuple assemblé pour manquer à la foi publique ? Je ne vous dis plus : eh ! quels titres avez-vous à la liberté? Quels moyens vous resteront pour la maintenir si, dès votre premier pas, vous surpassez les turpitudes des gouvernements les plus corrompus, si le besoin de votre concours et de votre surveillance n’est pas le garant de votre Constitution ? Je vous dis : Vous serez tous entraînés dans la ruine universelle, et les premiers intéressés au sacrifice que le gouvernement vous demande, c’est vous-mêmes. »

 » Sur la banqueroute « , 1789, discours d’Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau.

mirabeauD’accord, pas d’accord: proposez votre texte du dimanche à  atoilhonneur@voila.fr

 

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Le coeur du Pélican – Le texte du dimanche (16)

Posté par corto74 le 9 mai 2010

Le coeur du Pélican - Le texte du dimanche (16) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

pelican_barthelemy dans zOne Dimanche cuLture !Selon Alfred de Musset:   »Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie ». Une illustration de la thèse de la souffrance sanglante à la base de la création artistique. A découvrir ou à relire, l’Allégorie du Pélican:

 » Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du cœur:
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé-d’un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L’Océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.

Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant,
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c’est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,
De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,
Ce n’est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées:
Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. »

Alfred de Musset (1810 – 1857) – La Nuit de mai (extrait)

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Tout autre temps se nomme Paix – Le texte du dimanche (15)

Posté par corto74 le 2 mai 2010

Tout autre temps se nomme Paix - Le texte du dimanche (15) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

leviathan5-500b dans zOne Dimanche cuLture !Dans le Leviathan, Hobbes explique son projet: fonder l’ordre politique sur un pacte entre les individus, afin de faire de l’homme un acteur décisif dans l’édification de son propre monde social et politique.

 « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. Car la guerre ne consiste pas seulement dans la bataille et dans les combats effectifs, mais dans un espace de temps où la volonté de s’affronter en des batailles est suffisamment avérée: on doit par conséquent tenir compte, relativement à la nature de la guerre, de la notion de durée, comme on en tient compte relativement à la nature du temps qu’il fait. De même en effet que la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance qui va dans ce sens, pendant un grand nombre de jours consécutifs, de même la nature de la guerre ne réside pas dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens, aussi longtemps qu’il n’y a pas assurance du contraire. Tout autre temps se nomme Paix.

Il peut sembler étrange à celui qui n’a pas bien pesé ces choses que la nature puisse ainsi dissocier les hommes et les rendre enclins à s’attaquer et à se détruire les uns les autres: c’est pourquoi peut-être, incrédule à l’égard de cette inférence tirée des passions, cet homme désirera la voir confirmée par l’expérience. Aussi, faisant un retour sur lui-même, alors que partant en voyage il s’arme et cherche à être bien accompagné, qu’allant se coucher il verrouille ses portes, que dans sa maison même il ferme ses coffres à clef, et tout cela sachant qu’il existe des lois et des fonctionnaires publics armés pour venger tous les torts qui peuvent lui être faits: qu’il se demande quelle opinion il a de ses compatriotes quand il voyage armé, de ses concitoyens quand il verrouille ses portes, de ses enfants et de ses domestiques quand il ferme ses coffres à clef. N’incrimine-t-il pas l’humanité par ses actes autant que je le fais par mes paroles? Mais ni lui, ni moi n’incriminons la nature humaine en cela. Les désirs et les autres passions de l’homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise; et il ne peuvent connaître de loi tant qu’il n’en a pas été fait; or aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire ».

Thomas Hobbes: Le Léviathan, chapitre 13, extrait.

Thomas_Hobbes_leviathanD’accord, pas d’accord: votre texte du dimanche à atoilhonneur@voila.fr

( photo: Bruno Mercier )

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Lettres secrètes – Le texte du dimanche (14)

Posté par corto74 le 25 avril 2010

Lettres secrètes - Le texte du dimanche (14) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

goerge-sand-et-alfred-de-musset dans zOne Dimanche cuLture !Voici les lettres codées qu’échangèrent jadis Georges Sand et Alfred de Musset, lettres dont l’objet est une histoire d’invitation coquine, et dont l’ingéniosité peut nous laisser rêveurs, à notre époque de téléphonie portable… Le code est assez facile à deviner pour la première lettre, et très facile pour les deux courtes réponses qui s’ensuivent.

« Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre. »  George Sand

« Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux. » Alfred de Musset

« Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme. » 
George Sand

C’est pas chou-mignon ?

Alfred_de_musset    george_sand_portrait_jean_gigoux  D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr

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Ce qu’il y a dans ce rire – Le texte du dimanche (13)

Posté par corto74 le 11 avril 2010

Ce qu'il y a dans ce rire - Le texte du dimanche (13) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter !

 dans zOne Dimanche cuLture !Dans un roman dont l’action se situe en Angleterre au tout début du XVIII siècle, Victor Hugo nous présente un personnage imaginaire, Gwynplaine, dont le visage a été déformé en une sorte de rictus grotesque afin de distraire les puissants. Grandi dans le peuple misérable, Gwynplaine se trouve projeté par le hasard à la Chambre des lords.
 

 » Je représente l’humanité telle que ses maîtres l’ont faite. L’homme est un mutilé. Ce qu’on m’a fait, on l’a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l’intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles ; comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement. Où s’était posé le doigt,de Dieu, s’est appuyée la griffe du roi. Monstrueuse superposition. Évêques, pairs et princes, le peuple c’est le souffrant profond qui rit à la surface. Mylords, je vous le dis, le peuple, c’est moi. Aujourd’hui vous l’opprimez, aujourd’hui vous me huez. Mais l’avenir, c’est le dégel sombre. Ce qui était pierre devient flot. L’apparence solide se change en submersion. Un craquement, et tout est dit. Il viendra une heure où une convulsion brisera votre oppression, où un rugissement répliquera à vos huées. (…) Tremblez. Les incorruptibles solutions approchent, les ongles coupés repoussent, les langues arrachées s’envolent, et deviennent des langues de feu éparses au vent des ténèbres, et hurlent dans l’infini ; ceux qui ont faim montrent leurs dents oisives, les paradis bâtis sur les enfers chancellent, on souffre, on souffre, on souffre, et ce qui est en haut penche, et ce qui est en bas s’entrouvre, l’ombre demande à devenir lumière, le damné discute l’élu, c’est le peuple qui vient, vous dis-je, c’est l’homme qui monte, c’est la fin qui commence, c’est la rouge aurore de la catastrophe, et voilà ce qu’il y a dans ce rire, dont vous riez ! « 

Victor Hugo, «  L’Homme qui rit « , extrait. (1869) 

kq8ouev7D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr 

(sources: http://www.bacfrancais.com/ )

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La beauté et Platon – Le texte du dimanche (12)

Posté par corto74 le 4 avril 2010

La beauté et Platon - Le texte du dimanche (12) dans zOne Dimanche cuLture ! wikio4 Voter ! peinture-1 dans zOne Dimanche cuLture !                                                                                                                                         La prêtresse Diotime, instruit Socrate de la sagesse dans les choses de l’amour:

 » DIOTIME – Toi-même, tu pourrais t’initier aux mystères de l’amour. Mais je ne sais si tu seras capable de parvenir au degré ultime de cette démarche. Je vais quand même t’en expliquer les étapes. Essaye de me suivre. Pour suivre ce chemin et atteindre son but, il faut commencer dès son jeune âge à rechercher la beauté physique. Il faut n’aimer qu’un seul corps et, à cette occasion, dire de belles paroles. 

Ensuite, il faut comprendre que la beauté d’un corps est semblable, comme une sœur, à la beauté d’un autre corps. Il convient de rechercher la beauté des formes, celle qui se trouve dans tous les corps. Arrivé à cette vérité, on doit devenir l’amant de tous les beaux corps, abandonner l’amour impétueux pour un seul, comme une chose qui ne mérite que dédain. Puis, on considérera la beauté de l’âme comme plus précieuse que celle du corps, jusqu’à ce qu’une belle âme, même dans un corps peu attrayant, nous suffise à engendrer de belles paroles. On sera alors amené à considérer la Beauté dans les actions et dans les lois, à voir qu’elle est toujours la même, dans tous les cas. On en arrivera à regarder la beauté du corps comme peu de chose. 

Enfin, on passera aux sciences et on en découvrira la beauté. On sera alors parvenu à une vision globale de la Beauté. On ne s’attachera plus à la seule beauté d’un seul objet. On cessera d’aimer un enfant, un homme, une action. On sera désormais tourné vers l’océan de la Beauté, en contemplant ses multiples aspects. On enfantera sans relâche de beaux et magnifiques discours. La sagesse et la pensée jailliront de l’amour qu’on a, jusqu’à ce que notre esprit aperçoive la science unique, celle de la Beauté en soi. 

Celui qu’on aura guidé sur le chemin gradué de l’amour découvrira une beauté merveilleuse, une Beauté éternelle qui ne connaît ni la naissance ni la mort, qui jamais ne change. Cette Beauté qui ne se présente pas comme un visage ou comme une forme corporelle, elle n’est pas non plus un raisonnement, ni une science. Cette Beauté existe en elle-même et par elle-même, simple et éternelle, et d’elle découlent toutes les belles choses. Lorsque grâce à l’amour bien compris des jeunes gens, l’on s’est élevé au dessus des choses sensibles jusqu’à cette Beauté en soi, on est proche du but. C’est cela le véritable chemin de l’amour, que l’on s’y engage soi-même ou que l’on s’y laisse conduire. Il consiste, en partant des beautés sensibles, à monter sans cesse vers la Beauté surnaturelle en passant, comme par des échelons, d’un beau corps à deux beaux corps, puis de deux beaux corps à tous les beaux corps, enfin des beaux corps aux belles actions, et des belles actions aux belles sciences. Pour aboutir à cette science qui n’est autre que celle de la Beauté absolue, et pour connaître enfin le Beau tel qu’il est en soi.

Si la vie vaut la peine d’être vécue, c’est à ce moment: lorsque l’humain contemple la Beauté en soi. Si tu y arrives, l’or, la parure, les beaux jeunes gens dont la vue te trouble aujourd’hui, tout cela te semblera terne. Songe au bonheur de celui qui voit le Beau lui-même, simple, pur, sans mélange, plutôt que la beauté chargée de chairs, de couleurs et de cent autres artifices périssables… »

Platon – Le banquet – ( extrait )

i2fuj9uzD’accord, pas d’accord: vous pouvez envoyer votre texte du dimanche à : atoilhonneur@voila.fr

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Le possédé – Le texte du dimanche (11)

Posté par corto74 le 28 mars 2010

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Folies samediennes et agâpes dominicales, peu importe, il ne serait pas raisonnable de louper ce rendez-vous avec notre page culture: le texte du dimanche. Un texte se lit, il plaît aussi à mes esgourdes d’en écouter certains, c’est nettement moins fatiguant. Qu’y a-t-il de mieux que de jouer avec les mots ? Devos savait le faire. Vous auriez bien 6 minutes et 35 secondes pour en profiter, non ?

                Image de prévisualisation YouTube

 

« Le possédé du percepteur », sketch de Raymond Devos.

 dans zOne Dimanche cuLture !

D’accord, pas d’accord: Vous pouvez proposer votre texte du dimanche en l’envoyant à:  atoilhonneur@voila.fr

 

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Le serment – Le texte du dimanche (10)

Posté par corto74 le 21 mars 2010

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Knock1 dans zOne Dimanche cuLture !Le serment d’Hippocrate.

« Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivants : 

Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre.  

Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. 

Je ne pratiquerai pas l’opération de la taille. 

Dans quelque maison que je rentre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves. 

Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas.  

Si je remplis ce serment sans l’enfreindre, qu’il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissè-je avoir un sort contraire. »

( traduction du serment d’origine par Émile Littré, 1801-1881. )

Clin d’oeil à la pédémédicosphère, le Doc, Kindgay , Poussin et consorts…Langue

imageD’accord, pas d’accord: Envoyez votre proposition de texte du dimanche à l’adresse suivante:  atoilhonneur@voila.fr

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