Police, Milice… – Folie passagère 362
Posté par corto74 le 27 mai 2010
« Police, milice, organisées; police, milice prêtes à tirer », Bernie et Trust le chantaient il y a près de 30 ans. L’autre jour, quand j’ai saisi l’info – une policière municipale abattue – j’ai dit à mon pote, tu vas voir, je ne donne pas 24h à ces cowboys pour demander le réarmement total et sans conditions des polices municipales. Cela n’a pas loupé, le jour même, les syndicats de la PM exigeaient l’égalité des chances avec la Police Nationale: Port d’arme pour tous. 3 jours après, en attendant le Beretta ou le Magnum, Hortefeux, histoire d’éteindre l’incendie qui couve, décrétait l’utilisation générale du pistolet électrique, en attendant…
Et bien, moi, cela me gêne un chouïa, cette histoire de police municipale parce qu’en soi, cela ne devrait pas exister. D’abord, parce qu’il appartient à l’Etat de faire respecter l’ordre et la sécurité et certainement pas à des cowboys locaux, généralement non admis dans la Nationale ou frustés de ne pouvoir faire partie de la grande maison. Depuis une trentaine d’année, l’Etat a peu à peu laissé ces polices locales s’installer dans le paysage; un moyen comme un autre de déléguer aux municipalités le maintien de l’ordre. Par souci d’économies ? Décentralisation ? Désinvestissement ? etc… autant de raisons de laisser filer une de ses principales prérogatives. Jacques Attali disait hier en substance – et pour une fois que j’approuve ses propos - ces polices n’ont pas d’existence légitime si l’on considère que c’est à l’Etat, élu et donc légitime, d’organiser, contrôler et d’assurer la sécurité du peuple, partout sur le territoire et selon les mêmes règles et procédures. Dans le cas contraire…
Car le danger ( dérive sécuritaire, milicialisation, inégalités…) est bien présent. Ces polices municipales sont aux ordres, par définition, du maire du patelin. Elles sont donc, qu’on le veuille ou pas, aux bons soins d’un bonhomme dont les idées, la vision de la justice et de l’ordre peuvent être sujettes à caution ou, tout du moins fluctuantes d’une commune à l’autre. Ainsi, un maire frontiste n’aura certainement pas la même conception de l’ordre qu’un maire Ump, communiste ou écolo. De facto, s’introduit la notion de non-égalité devant l’ordre et la sécurité des habitants. Sur 2 communes voisines, il peut y avoir 2 politiques en matière de sécurité radicalement opposées. On imagine sans problème qu’à Vitrolles, la police municipale n’aura pas le même comportement vis à vis des « pas souchiens » qu’à Bondy ou Garges… Le comportement des représentants de l’ordre municipal sera donc imprimé par la politique inspirée du potentat local… Une manière comme une autre d’asseoir son pouvoir. On glisse, la possibilité est évidente, vers, non plus l’existence de PM, mais bien de milices locales.
Ils demandent aujourd’hui le droit de porter une arme, quid des procédures et de la formation ? Tromblons-la-Meuse aura-t-elle les mêmes moyens que Bordeaux ou Nice pour s’assurer du sérieux et de la rigueur de son service d’ordre, certainement pas. Ils veulent avoir accès aux communications des services de la Police Nationale, est-on sûr que les informations transmises seront utilisées avec toute la prudence et la mesure nécessaire, ce n’est pas garanti. Ils demandent à avoir les mêmes droits que la Police Nationale, qui me garantira qu’ils auront les mêmes devoirs, le maire du patelin ?
Non, désolé, l’ordre et la sécurité des citoyens sont des choses bien trop sérieuses pour les laisser aux seules mains de policiers municipaux et d’élus locaux.
D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr
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