Opex, le banquet afghan
Posté par corto74 le 26 février 2011
Isabelle me tilte, elle et lui veulent mon avis sur la guerre en Afghanistan, guerre qu’elle voit comme un Vietnam français ! En gros, elle trouve qu’on a rien à y foutre et que de toute façon, c’est perdu d’avance. Je ne suis pas un spécialiste de la question afghane, je sais simplement que si la coalition internationale n’y était pas, ce serait un bordel encore pire. Souvenons-nous de l’après invasion russe: ce fut l’anarchie, le royaume des talibans, la soumission de la femme, l’obsurantisme etc… Donc, j’aurai tendance à dire que oui, il fallait y aller. Maintenant, et croyant savoir qu’aucune force d’occupation étrangère n’a pu s’imposer là-bas, reste à savoir comment se tirer dès que possible, une fois la situation plus ou moins assainie.
Lorsque je regarde mon vieux mettre certains jours son grand uniforme, je suis toujours impressionné par la palanquée de décorations qu’il arbore sur la poitrine, seuls Bigeard ou les vieux généraux russes pourraient faire mieux. Il a l’histoire et l’expérience du terrain, de la machinerie, de la logistique. Il a fait les guerres. Regardez, observez à l’occasion le poitrail bombé des trouffions (gradés ou pas) d’aujourd’hui, c’est le désert, la place est vide! Déficit d’expérience; la formation, l’école mais pas la concrétisation, pas de confrontation au réel.
En dehors des « idéaux » humanistes et géostratégiques qui nous ont invités au banquet afghan, je mettrai juste en avant un point d’utilité de ce conflit, rarement souligné: la possibilité donnée aux armées présentes de se faire la main. N’oublions pas cet aspect de notre présence là-bas. Ils sont finis depuis longtemps les grands conflits, les guerres conventionnelles à l’échelle du monde ou d’un continent. Les militaires ne sont pas les derniers à faire pression sur les gouvernements pour s’engager dès que possible dans des conflits extérieurs puisque chez nous, c’est calme plat. Ils ont besoin de s’entraîner, de confronter les théories au terrain, de comparer la modélisation à la pratique. Ils ont besoin d’expérience, de retours…d’expérience et de décorations. Ces guerres extérieures (Malouines, Kaboul, Irak…) sont donc pour les militaires une manière efficace de justifier leur raison d’être, d’éprouver hommes, armes et matériels.
L’armée française est en pleine restructuration: livre blanc, mutualisation des moyens, réductions budgétaires. Cette présence en OPEX est une question de survie pour les armées occidentales, une manière que d’aucun jugeront cynique de préserver leur budget de fonctionnement. Alors, il y a des morts, 54, oui et alors ? Et d’une on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs et de deux, le gars qui signe en bas à droite sait à quoi il s’engage, lui faire croire qu’il va faire un métier de bisounours serait encore plus cynique.
Enfin, ne t’en fais pas Isabelle, si un jour notre armée quitte l’Afghanistan avant d’être totalement vietnamisée, rassures-toi, c’est qu’elle aura la certitude de trouver ailleurs un autre terrain d’entraînement. Certaines guerres ont leur utilité.
Folie passagère 573.
D’accord, pas d’accord: atoilhonneur@voila.fr
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